Origine

Le Mérou brun (Epinephelus marginatus), aussi appelé mérou de Méditerranée, noir, rouge ou mérou sombre est une espèce de la famille des Serranidés. Au même titre donc que les barbiers, les anthias, les loches et les serrans. Les sites où ce poisson a élu domicile sont particulièrement appréciés des plongeurs. Certains viennent de loin pour observer la faune sous-marine et une plongée « réussie » est souvent celle durant laquelle le mérou a été observé ! Nous l’aimons tous…. Et nous voulons tous le voir ! Mérou vient de l'espagnol : mero. Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages" C’est une bonne description de sa robe foncée, parsemée de taches claires, disposées irrégulièrement sur tout le corps.

Qui est il ?

Une icône ! Le mérou brun, est probablement le poisson le plus recherché et le plus médiatique de la mer Méditerranée. Rappelez-vous de « Jojo le Mérou dans Le Monde du silence de Jacques-Yves Cousteau ». Il peut vivre jusqu'à 200 mètres de profondeur. Comment le qualifier ? Imposant, peu farouche et robuste, il peut mesurer 1 mètre 50 de long, peser 50 kg et vivre jusqu’à 60 ans ! Il est reconnaissable à ses gros yeux globuleux et à sa large mâchoire. Attachant, un peu « pépère », tranquille, on arrive parfois à nager près de lui ou à l’observer pendant de nombreuses minutes… mais en fait c’est lui qui nous regarde avec sa tête massive et ses yeux proéminents. Un super prédateur !  Situé en haut de la chaîne alimentaire, le mérou se régale de céphalopodes (seiches, poulpes, calmars), crustacés et certains poissons à des niveaux trophiques inférieurs, jouant ainsi le rôle de régulateur et contribuant à l’équilibre de l’écosystème.

Un indicateur de la qualité du milieu :

L’abondance de mérous traduit le bon état de la chaîne alimentaire qui le précède, la présence d’une nourriture riche est synonyme de braconnage et de pêche modérée. Du fait de sa valeur commerciale très élevée, le mérou brun reste très recherché par les pêcheurs et les chasseurs sous-marins dans toute sa zone de distribution. Ses effectifs étant en fort déclin, il est classé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature dans la catégorie des espèces vulnérables.

Ses Particularités

Un hermaphrodite vous avez dit ??? Et oui, il est d’abord femelle puis devient mâle lorsqu’il atteint 60 à 70 cm, à l’âge de 10 à 14 ans. L’une des particularités du mérou est qu’il possède une glande hermaphrodite. Celle-ci est capable de produire des gamètes femelles puis mâles. Le poisson n’a pas de sexe déterminé jusqu’à l’âge de 4 ou 5 ans. Entre 5 est 12 ans, il devient femelle, puis mâle jusqu’à la fin de sa vie. En outre, il lui arrive de changer de sexe, notamment lorsqu’il n’y a plus de mâle dominant. On parle alors d’un mode de reproduction protérogynique. Un séducteur car on ne badine pas avec l’amour ! La période de frai s’étale de juillet à septembre, les mérous matures sexuellement se regroupent dans les zones rocheuses entre 15 et 30 m de profondeur. Et c'est en général vers le mois d'août à la tombée de la nuit que les mérous « se décident à se reproduire ». Les parades nuptiales et l'émission des gamètes ne durent que quelques jours. Le premier temps est celui de l'approche : le mâle parade incliné sur le côté, placé au-dessus de la femelle. Puis la femelle commence une remontée, le couple entame une lente spirale vers le haut suivi d’une descente. Quelques fois plusieurs fois de suite. Enfin sur la montée finale et sur quelques mètres en accélération brutale gamètes mâles et femelles sont libérés en pleine eau ! Pour finir, chacun retourne à leurs occupations.

Où le rencontrer

Caractérisé par sa grande sédentarité pendant la période estivale ou dans les espaces protégés, le mérou brun apprécie sur les fonds rocheux accidentés avec des cavités, les tombants coralligènes et ses nombreuses anfractuosités ainsi que les grottes pour s'abriter. On le trouve également sur les fonds sableux et autour des posidonies. Les juvéniles, plus littoraux, sont parfois observés dans quelques centimètres d’eau. Mais...il peut vivre jusqu'à 200 mètres de profondeur. Et dans notre Parc national ! La raréfaction de ce poisson a conduit la France à adopter, dans le cadre des conventions internationales (Berne, Barcelone), des mesures de protection fortes. Le moratoire instauré en France continentale et en Corse depuis 1993 interdit la chasse sous-marine et la pêche à l’hameçon sur les côtes françaises. Les études de terrain montrent l’efficacité de ces mesures de protection : de jeunes mérous sont maintenant présents sur toutes les côtes et dans les réserves marines les populations se sont reconstituées. Mais ce retour reste très fragile. Le moratoire doit être examiné tous les 10 ans. L’avenir du mérou se jouera donc en 2023. Si la chasse devait de nouveau être autorisée, plus de 30 ans d’efforts pourraient être balayés en quelques semaines !

La Pêche

Notre mérou repeuple progressivement les eaux du Parc national ! Ainsi le paysage sous-marin a changé depuis l’« effet parc »… Maintenant, le mérou a élu domicile sur de nombreux spots de plongée comme « la pointe Caramassaigne » ou encore « Les Moyades » notre Mérouland à nous ! Mais pourquoi trouve-t-on encore des mérous bruns sur les étals des poissonniers ? Tout simplement parce que les captures au filet par les pêcheurs professionnels restent autorisées. Des spécimens importés de zones non soumises à réglementation peuvent aussi être proposés à la vente. A nous consommateurs et plongeurs éco-responsables d’éviter d’acheter et de manger des espèces menacées ! Nous vous invitons à consulter le site du GEM : Groupe d’étude du Mérou ci-dessous.