Quel plongeur n’a jamais eu de sang dans son masque ? Banal saignement de nez ou barotraumatisme ? Un petit point pour ne pas s’affoler ou faire peur à nos binômes ! Le saignement de nez ou épistaxis est un incident très fréquent en plongée et ne doit alarmer le plongeur que s’il s’accompagne de douleurs.

On peut retenir deux cas :

  • Une épistaxis spontanée, répétée, isolée que le plongeur connaît depuis longtemps et qui ne l’inquiète pas. Effectivement, ce phénomène, qui ne s’accompagne d’aucune douleur n’est autre que le saignement de petits vaisseaux sur la cloison nasale (tache vasculaire) comprimée avec force chez un plongeur qui possède une fragilité ou qui force exagérément son Valsalva pour équilibrer lors de la descente.
Cela ne s’accompagne d’aucune douleur et c’est la découverte de sang dans le masque en fin de plongée qui évoque le diagnostic. Il suffit, si les épisodes se répètent, de consulter son médecin, pour qu’il pratique une cautérisation de sa tache vasculaire.
  • Une épistaxis accompagnée d’une douleur plus ou moins violente du crâne est plus alarmante.

À quoi ressemblent les sinus ?

Les sinus sont un ensemble de cavités creuses symétriques situées de part et d’autre du nez et du front. Certains mesurent jusqu’à trois centimètres de diamètre, d’autres sont plus petits. Les différents sinus Nous avons quatre paires de sinus :
  • Les sinus maxillaires (les plus grands) situés dans les pommettes,
  • Les sinus frontaux, situés au centre de la partie basse du front,
  • Les sinus ethmoïdaux, situés entre les yeux à la base du nez,
  • Les sinus sphénoïdaux, situés derrière la cavité nasale.
Ils sont tapissés d’une muqueuseelle-même recouverte d’une fine couche de mucus. Normalement ces cavités sont remplies d’air.

Rôle des sinus

Le rôle des sinus n’a pas encore été déterminé avec précision. Les sinus remplissent probablement plusieurs fonctions : • Ils améliorent le réchauffement et l'humidification de l'air inhalé avant qu'il n'atteigne les poumons. • Ils augmentent la résonance de la voix. • Ils amortissement d’éventuels coups reçus au visage. • Ils réduisent le poids de la partie antérieure du crâne car ils sont creux.

Alors que peut-il se produire en plongée ?

Un épistaxis simple Ce saignement de nez est simple et banal, asymptomatique. Une épistaxis est une extériorisation spontanée de sang par le nez. Le plongeur sort de l’eau et constate du sang dans son masque. Il n’existe aucun autre symptôme et ce phénomène est fréquent, notamment chez ce même plongeur qui ne s’en inquiète pas. Parfois c’est l’entourage qui lui signale ce sang dans le masque. De quoi s’agit-t-il ? Sur la partie antérieure de la cloison nasale, il existe une zone très vascularisée que l’on appelle tache Vasculaire. Cette tache vasculaire, fragile, est agressée lors de la descente, pendant les manœuvres répétées de Frenzel ou de Valsalva, lors desquelles on pince plus ou moins fortement le nez entre le pouce et l’index pour équilibrer. Cette manœuvre, aggravée par des facteurs irritants locaux, comme l’eau salée, peut favoriser ces épistaxis répétées, qui ne présentent aucune gravité si ce n’est celle d’indisposer le plongeur. De retour chez lui, il pourra consulter son ORL, qui pratiquera une cautérisation des taches vasculaires, cautérisation dont l’effet n’est généralement pas définitif mais le laissera un moment tranquille.

Prévention

La prévention consiste à ne jamais plonger en cas de rhume, de sinusite, de rhinite. En cas d'incident, consulter un médecin ORL.

Et le vrai barotraumatisme alors ?

Les sinus, comme nous l’avons vu, sont des cavités remplies d'air qui communiquent avec les fosses nasales. L'équilibrage des pressions entre sinus et fosse nasale se fait normalement de façon naturelle, sans action particulière de la part du plongeur. Lors de la descente, comme à la remontée, si l’ostium d’un sinus (tout particulièrement un sinus maxillaire sous les orbites ou un sinus frontal) est obturé par des mucosités ou des polypes nasaux, l’équipression avec le milieu extérieur peut se trouver irréalisable. > Il est le plus souvent provoqué par un rhume ou une sinusite.
  • A la descente, une dépression qui s’accroît dans une cavité sinusienne fermée va occasionner une déchirure de la muqueuse endo sinusienne, avec une douleur plus ou moins vive et une épistaxis. Les conséquences ici ne sont pas graves car le plongeur qui ressent ces symptômes stoppe sa plongée et remonte.
 
  • A la remontée, cependant, le problème est tout autre. Le plongeur a effectué sa plongée normalement et la douleur apparaît à la remontée. Précisons que le barotraumatisme sinusien survient en outre préférentiellement à la remontée, contrairement à l’otite barotraumatique qui survient spécifiquement à la descente. La douleur est intense, très vite syncopale, bloquant la remontée du plongeur qui est pourtant tenu de remonter mais qui ne le peut.

Que se passe t-il ?

La pression du sinus à 20 mètres par exemple est à 3 bars. Plus le plongeur remonte plus la douleur est intense car l’air, piégé, va vouloir, coûte que coûte, sortir de la cavité close – car il existe une expansion inéluctable de l’air dans cette cavité indéformable – créant une douleur intense, avec une sensation d’explosion dans la tête. Le complexe sinusien antérieur est constitué des sinus frontaux, des sinus maxillaires et des cellules ethmoïdales antérieures. Ces sinus se drainent dans les fosses nasales au niveau du méat moyen, sous le cornet moyen. Le point le plus fragile est le canal naso frontal qui fait communiquer les sinus frontaux avec ce méat moyen et il se trouve à l’angle interne de l’œil. Constitué de plusieurs parois osseuses dans le crâne, il présente des points de faiblesse. C’est donc avant tout à son endroit que la pression intra sinusienne va devenir insupportable. Chaque mètre remonté majore la douleur et l’air qui fuse, tant bien que mal, jusqu’au méat moyen, ne suffit pas à assurer l’équipression milieu extérieur-milieu intérieur. Que peut faire le plongeur soumis à ce problème sachant qu’il est tenu de remonter ? Le « bon sens » doit entrer en action pour permettre au plongeur d’envisager tant bien que mal une remontée. > Arrêter la remontée. > Enlever le masque et se moucher. Grâce à la dissociation bucco nasale si cela ne suffit pas, on peut inhaler quelques gouttes d’eau par le nez qui peut aider au lavage même si cela peut occasionner quelques toux réflexes. > Redémarrer une remontée lente, quitte à s’arrêter ponctuellement pour relaver son nez. > Une modification de la position de la tête peut être tentée. L’arrêt trop long modifiera le profil de plongée dont il faudra tenir compte. Ces méthodes permettent, l’essentiel du temps, une remontée sans de trop intenses douleurs (observé plus d’une fois). Ces blocages à la remontée s’accompagnent moins systématiquement d’épistaxis car il n’y a pas nécessairement de déchirures de la muqueuse endo sinusienne avec saignement extériorisé par le nez. Ce qu’il ne faut pas faire :  Il ne faut surtout pas prendre des médicaments et notamment des vasoconstricteurs avant de plonger. Vous entendrez peut-être dire « vasodilatateur » mais non ! Ce sont bel et bien des vasoconstricteurs ! Ce sont des substances qui diminuent le diamètre des vaisseaux sanguins en contractant les fibres musculaires de leurs parois. Cette constriction des vaisseaux entraîne une augmentation de la pression sanguine, une décongestion des muqueuses et peut aussi limiter un saignement en cas de lésion d'un vaisseau. Les vasoconstricteurs sont utiles pour soigner différentes pathologies, mais ils peuvent avoir des effets indésirables sévères. Utilisé par voie nasal on parle de vasoconstricteurs périphériques. Ils entrent dans la composition de nombreux médicaments pour traiter le rhume ou la rhinite allergique. On les trouve seuls ou associés à d'autres principes actifs (antihistaminique, antalgique, antiseptique). Pour les plus connus :  Aturgyl, Déturgylone, Rhinofluimucil.

Bon à Savoir

Si vous n’êtes pas convaincu ou si vous voulez jouer ! Depuis 2009, en raison d'accidents cardiaques et neurologiques graves survenus après la prise orale ou nasale de vasoconstricteur, l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité des médicaments) a publié des rappels de recommandations concernant le bon usage de ces médicaments. Ces recommandations et contre-indications sont insérées dans les notices des médicaments concernés. Pour nous plongeurs, ces molécules traitent les symptômes, mais pas les causes et ont de plus un effet limité dans le temps. Si leur action cesse sous l’eau, là vous êtes mal.  Et ce qui fonctionne très bien ! Un bon lavage nasal à la surface avant de s’immerger, en gros bien se moucher avec de l’eau de mer c’est comme se nettoyer avec du sérum physiologique ! La deuxième astuce et parce que tous les plongeurs sont nos bébés : Avant de plonger, utilisez un mouche-bébé à poire : cela vous assurera une bonne hygiène nasale….