La murène commune : "à la une" depuis toujours !

Avec ses airs de serpent, sa gueule souvent ouverte et ses dents pointues…elle inspire la crainte et semble "peu avenante" ! Pourtant si on s’y intéresse d’un peu plus près, c’est une « star » qui prendra facilement la pose pour de magnifiques photos souvenirs…     et qui plus est c’est un poisson qui, au cours de l’histoire, en a fasciné plus d’un, dont les romains qui allèrent jusqu'à les couvrir de bijoux et leur donner leurs esclaves en pâture. Ils faisaient grand cas de ce poisson. Pour le nourrir et l'engraisser, ils créaient même des parcs dans la mer. La passion pour les murènes prit chez les romains des proportions inouïes : Cassius en avait qui étaient si bien apprivoisées qu'elles venaient à lui au son de sa voix ! Il en avait paré une de colliers en or, celle-ci venait à sa demande manger dans le creux de sa main. Lorsqu'elle mourut, il la pleura et lui offrit des obsèques magnifiques.     Dedius Pollio, ayant remarqué que la murène avait un goût prononcé pour la chair humaine, eut la cruauté de sacrifier plusieurs de ses esclaves pour nourrir ses poissons…. La murène a une place à part dans le cœur des plongeurs. Fascinante, inquiétante, rarement agressive, le sentiment qu'elle inspire ne laisse jamais indifférent... Malgré sa mauvaise réputation, elle n’est pas agressive voire même plutôt craintive... retenez ça !

Qui est-elle ?

La murène commune (Muraena helena) est un  poisson anguilliforme de la famille des Muraenidae et non un reptile ! Elle présente toutes les caractéristiques de sa famille : Son corps est robuste et légèrement comprimé latéralement, surtout dans sa partie postérieure, de couleur brune à noire avec des taches jaunes. La tête est courte, massive, à profil bombée. Sa gueule s’ouvre jusqu’en arrière des globes oculaires et, est dotée de puissantes mâchoires lui donnant une allure plutôt "méchante" avec des dents longues et pointues. Elle n’a pas de nageoires pectorales ni ventrales mais les nageoires dorsales et anales sont bien présentes et très longues, elles se rejoignent postérieurement. La murène de nos eaux peut mesurer jusqu’à 1m50 de longueur et peser jusqu’à 6 kg !!! Sa peau, dépourvue d'écailles, est lisse, épaisse et recouverte d’un mucus protecteur facilitant les déplacements.

Ce qui la caractérise

La principale caractéristique est d'avoir des mâchoires très reconnaissables, avec une très large ouverture buccale. Si le museau est fin, ses mâchoires montrent des rangées de dents caniniformes très impressionnantes. La vilaine morsure des murènes est à l'origine de leur mauvaise réputation : la plaie s'infecte facilement car la salive contient des sécrétions à action digestive, hémolytique et neurotoxique. De plus, il peut y avoir surinfection due aux souillures alimentaires inter-dentaires qui ralentissent la cicatrisation. Mais soyez rassuré, elle n’attaquera que pour se défendre si elle se sent menacée. Il suffit donc d'éviter de la déranger et de n'approcher ses mains d’une anfractuosité qu'après avoir vérifié la nature de ses occupants 🙂

Alors...méchante vraiment ?

Ce qui nous fait souvent peur c’est que la murène a en général la bouche grande ouverte. C’est en fait sa technique de ventilation : elle n’aboie pas 😉 Elle la ferme, donc, de temps en temps, pour permettre une meilleure circulation de l’eau vers ses branchies. Ainsi, elle respire mieux. La murène est un prédateur nocturne et territorial qui reste caché durant le jour. Mauvaise nageuse, elle chasse en général à l’affût dans son repaire en attendant qu’une proie passe à proximité. D’autant que ses narines pourvues de papilles très sensibles lui confèrent un odorat très développé. Heureusement… elle est presque aveugle ! Elle "cloue" sa proie avec ses canines et l'entraine dans son repère rocheux. Les Murénidés ont développé un système de dents pharyngiennes qui viennent agripper la proie comme des hameçons. Du coup, elle attaque à l'affut poissons, crustacés et céphalopodes qui passent près de son trou, mais peut également partir en chasse aux alentours de son repère, notamment à la nuit tombée.

Ses amis, ses amours et ses "collègues"

C’est un poisson au mode de vie plutôt solitaire, mais on la voit souvent en compagnie de Lysmata seticaudata, la crevette barbier de Méditerranée, avec laquelle elle entretient une relation commensale. Ce petit crustacé se nourrit des parasites présents sur la peau, dans les orifices respiratoires et dans la cavité buccale de la murène et lui offre ainsi un véritable nettoyage. Elle garde un peu de mystère… Les conditions de reproduction des murènes sont encore mal connues en raison de leurs mœurs nocturnes. Elles se reproduisent en été en déposant des œufs d’environ 5 mm de diamètre qui produisent des larves, aplaties, translucides et de forme ovale allongée. Les larves flottent et dérivent au gré des courants pendant environ un an, puis la murène descend en profondeur et devient un prédateur actif. Congre ou murène, on ne peut pas la confondre ! Bien que ces poissons montrent tous deux un corps serpentiforme, la robe uniforme du congre et la forme de la tête empêchent toute confusion avec les murènes, en particulier la murène commune, à la robe marbrée.

Où la rencontrer ...

Pour vivre heureux, vivons caché… Elle a une morphologie adaptée pour vivre à l’abris. Vous pourrez la dénicher dans des crevasses, failles ou encore à l’intérieur d’amphores, enfoui sous les débris d’épaves…. On la trouve de la surface jusqu’à une centaine de mètres de profondeur. On les rencontre facilement en plongée avec bouteille, Il faut simplement s'assurer que le substrat soit approprié. Mais une fois que l'animal est repéré, il est facile de lui rendre visite régulièrement, puisqu'il stationne souvent de longues périodes dans les mêmes anfractuosités. Et dans notre parc ! Depuis 2012, la pêche est désormais encadrée sur ce territoire grâce à un arrêté qui vise à mettre à mal les braconniers. Pour plus de renseignements : www.calanques-parcnational.fr