Le Messerschmitt BF 109 : Île Du Planier

Le phare, qui est entre autres, notre gardien des épaves de l’île du Planier abrite un avion de la seconde guerre mondiale.

44m

Niveau 3

43°11' 971 N

5°13' 778 E

C’est un spot de plongée accessible aux Niveaux 3 minimum. Une plongée profonde multisites !!! Pour ceux qui ne désirent pas faire de longs paliers en pleine eau ou préfèrent mêler les thèmes de plongée, ce spot est pour vous ! En effet, il fait rarement l’objet d’une seule et même plongée et fonction de votre niveau et de l’organisation, il peut être : couplé avec une plongée sur le tombant du Planier ou prolongé par un retour sur l’épave du Dalton ou du Chaouen. La trilogie des épaves du Planier : un Chaouen / Messerchmitt / Dalton, plus particulièrement adapté aux plongeurs recycleurs. Comme pour tous les sites du Planier, il faudra une météo clémente.

Le Messerschmitt est posé à l’envers sur un fond de sable par 45 mètres et mesure 9 m de long pour une envergure de 10 m. Autant dire que le tour est vite fait. C’est pourquoi, en général cette plongée épave profonde se termine par une exploration en retour sur le tombant et /ou en direction du Chaouen ou du Dalton. L’immersion peut être faite au pied d’un poteau sur la côte Nord de l’île du Planier pour arriver sur un fond 15 à 20 m. En s’éloignant du phare, vous trouverez le décrochement du magnifique tombant du Planier. Légèrement sur la droite du poteau direction Nord Ouest, il y a l’entrée d’une cheminée qui n’est autre qu’un tunnel qui traverse de toute sa hauteur le tombant. Au pied et dos à la sortie de la cheminée qui est à 38 m au sable, il faudra prendre un cap Nord Est. Après quelques minutes de palmage à une quinzaine de mètres, vous apercevrez l’ombre de l’épave gisant sur le sable blanc avec un bleu turquoise en toile de fond ! Le moteur est visible mais en mauvais état. Il reste une pale de l’hélice sur les trois qu’elle comptait, qui commence à s’ensabler. On peut néanmoins encore voir le canon de 30 mm qui se trouve dans le moyeu de l’hélice. Les deux ailes sont toujours fixées à la carlingue et sont en assez bon état. Le cockpit n’est absolument pas accessible. On peut encore voir le train d’atterrissage, sorti lors de son amerrissage par Hans Fahrenberger. Il reste un pneu sur le train droit.

C’est typiquement la plongée d’ambiance ! Profitez bien de l’approche sur l’épave ou doucement vous apparaîtra une masse sombre sur un sable clair presque éblouissant. La nuée d’Anthias qui y réside vous indiquera que vous êtes bel et bien arrivé. Vous aurez une belle vue d’ensemble en restant stabilisé deux à trois mètres au dessus du fond. L’épave est le lieu de camouflage de congres, murènes, mostelles ainsi que des langoustes. Vous pourrez également y trouver d’énormes spirographes (Sabella Spallanzanii). Le retour par le tombant vous permettra d’élargir la gamme des espèces à rencontrer lors de cette plongée.

Le Messerschmitt Bf 109 est l’avion de guerre détenant le plus d’exemplaires produits lors du second conflit mondial : 35.000 environ. Il fut produit de 1935 à 1945 en de multiples versions baptisées par des lettres allant de A à K. L’exemplaire qui repose au pied de l’île du Planier serait une version G ou « Gustav », et plus précisément un modèle Bf 109 G/6. En effet l’avion est doté d’un canon de 30 mm. Or les versions précédentes ne disposaient que de canon de 10 ou 20 mm. L’histoire de ce chasseur est connue, car le pilote a pu être retrouvé par Jean-Pierre Joncheray, spécialiste français des épaves en Méditerranée et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Le 07 mars 1944, Hans Fahrenberger capitaine dans la Luftwaffe, décolle aux commandes de son Messerschmitt pour intercepter des bombardiers américains B-17 se dirigeant vers Marseille. Avec son équipier, il repère les avions ennemis et les attaque. Leur technique : se placer dos au soleil afin que les Américains ne les aperçoivent qu’au dernier moment. Plongeant en piqué, Fahrenberger ouvre le feu mais rate sa cible. Alors qu’il se replace pour un deuxième passage, le moteur du Messerschmitt s’arrête soudain en lâchant de la fumée. Heureusement pour lui, les chasseurs d’escortes américains ne le poursuivent pas. Il est suffisamment haut pour planer quelques minutes. Hans Fahrenberger dirige son appareil vers l’île du Planier. Il réussit à amerrir, par une mer formée, à quelques dizaines de mètres de l’îlot. Le chasseur coule en quelques secondes. Fahrenberger ne doit son salut qu’au parachute qui lui fit office de bouée. Hans Fahrenberger a raconté à Jean-Pierre Joncheray son amerrissage : « Il se produisit une grande gerbe d’écume, une des pales de l’hélice se tordit comme une allumette et les revêtements métalliques de l’avion se plièrent et se déformèrent comme s’il s’agissait de vulgaire carton. Le Messerschmitt coula en cinq à six secondes comme une pierre. J’ignore encore comment je réussis malgré tout à ouvrir la verrière et à me retrouver dans une bulle d’air qui me porta immédiatement en surface. Si je n’ai pas coulé, c’est seulement grâce à mon parachute, qui me donna la poussée ascensionnelle nécessaire. »